Apaisée, dans le train au retour, je regardais par la fenêtre et la musique chatouillait mes oreilles. Les yeux un peu plissés piquaient d'un léger manque de sommeil, et je dévorais les paysages qui défilaient.
Le ciel bleu, éclatant, soutenu, et le soleil qui ébloui. La mer très claire, presque verte, de Bandol et tous les petits bateaux blancs qui ressemblaient à des oiseaux là-bas dans un coin. Les arbres, ce beau vert sombre, les champs et les cailloux...
Ensuite, en levant la tête de L'Oeil du Loup, juste le temps d'une respiration, je suis sortie de l'Afrique jaune, grise, verte, pour poser mes yeux sur une grande étendue d'herbe tendre, toute saupoudrée de fleurs blanches et parsemée de légères trainées jaunes.
J'ai souri, regardé les petites fleurs s'éloigner, et je suis retournée avec Afrique, Casseroles et Loup Bleu.
Et de mes orteils aux pointes de mes cheveux, c'est un calme immense et quasi-divin qui m'a envahie. Pourvu qu'il ne s'en aille pas de si tôt...
Parce que les sourires. Parce que le calme environnant, bien sûr. Parce qu'ils ont des sens interdits seulement à certaines heures, et des haies très très bien taillées. Parce que des fraises avec de la chantilly et de la glace à la vanille. Parce que les ruelles, et les petites routes qui serpentent, les vergers de figuiers, les grandes maisons magnifiques, le petit ruisseau, les gens qui saluent et les arbres tout partout. Parce que nos mots virevoltants, qui dansent, s'entrechoquent et c'est une jolie musique. De nos mondes qui se mélangent, d'elle, de moi, de ses proches, puis des miens, et quand on parle d'Alex, de Mylène, et de Doki. Doki que je retrouve dans sa chambre, Elmer, et les cartes postales de Magritte (même que y en a une, j'ai la même sur mon frigo).
Les silences tranquilles, les murmures, les rires, et les discussions qui arrivent même à être sérieuses.
Y avait aussi le soleil sur la terrasse, une tasse de café puis un jus de pamplemousse, la voix agréable de son Papa avec le joli accent, et parler de plein de choses. Ce monsieur, il ressemble à une mine qui serait très très profonde et où il y aurait plein de choses écrites sur les murs, pleins de renfoncements où trouver des trésors. Et c'est quand même drôlement agréable, hein.
Les hirondelles, aussi. Et le chat avec un nuage dans l'oeil. Les sorcières, les tortues, les éléphants. Pennac, Card, Delerm, la philo, la Tordue, le flamenco et le chant lyrique.
Ce serait comme une pause. Y aurait un grand manitou qui aurait appuyé sur mon petit bouton avec les deux traits parrallèles, et il m'aurait murmuré "Allez, va prendre un grand bol d'air. Pur."
Un peu iréel, en fait, tout ce calme, tout cet apaisement.
Hé merci merci merci.
Faudrait couper les doigts au grand manitou pour qu'il ne ré-appuie pas sur mon bouton pause.
J'aime bien me sentir apaisée comme ça, cette impression de douceur.