Une journée à ne rien faire, ça faisait longtemps que je n'avais pas eu la moindre contrainte dans la perspective de mon après-midi. En l'occurence, le plus fatiguant, c'est se lever pour aller changer le CD ou fermer la porte du balcon qui ne tient pas fermée et laisse entrer le vent. Je vais terminer la lettre pour Mylène. Et bien sûr. Ces envies de mots puisqu'il n'y a rien d'autre à faire.
Et comme je réfléchissais, hier soir, au fait que, sans Madame S., je ne serais pas l'écriveuse frénétique que je suis aujourd'hui, et ses encouragements, ses sourires, m'ont poussée à continuer.
Comme je pensais à ça, à la peur qui m'avait tenaillée à la seule idée de lui faire lire 'Ca Fait du Bien' et puis à la décision finalement de ne pas prendre ce risque ni même celui d'un refus et de céder à mon envie de le faire lire à Monsieur, aussi à ce qu'elle avait dit en ayant lu l'extrait de 'Tout un Peut-être', elle était fière de moi. Que demander de plus ?
Je manque de nouvelles histoires dans ma tête.
J'ai alors repensé à mardi, à des détails, et des choses que j'ai dites au passage de la conversation. D'aguilles en fil, j'ai pensé, que oui, sans lui pas de 'Ca Fait du Bien', que j'en ai trop parlé, que si elle discute avec lui et que ça vient dans la conversation...
Que oui, j'aimerais qu'elle me dise ce qu'elle en pense, elle serait plus loquace. Au fond, j'aimerais que.
Et puis.
Je ne sais plus comment j'en suis venue à ça, peut-être que les pensées se mélangeaient, dans ma tête, j'évoquais aussi Cfdb avec Fred, l'inspiration, et le fait qu'il m'était arrivé de les confondre, d'observer le Sourire qui tue et de penser 'Greg', ou de faire Greg en pensant 'lui'. Mais maintenant je ne m'en souviens plus vraiment. Quand est-ce que Greg sort simplement de mon imagination et quand est-ce qu'il est inspiré des autres ?
D'ailleurs, il n'est probablement pas le seul. Oh, Greg, il est beau comme lui, le sourire et le reste, Greg il est passionné comme Dieu, Greg il dégage l'humanité de Monsieur, Greg il m'aime comme personne, aussi. Ca.
Et je ne sais pas bien.
Si, en étant honnête, il est clair que dans mon esprit il n'est pas totalement lui, pour ce que je sais ce serait difficile, il est une bonne partie de Greg et c'est pour ça que cette fameuse interview m'a...
Alors bon. J'aimerais m'en débarasser. Ou bien vivre toute ma vie avec cet homme au creux de mes souvenirs, ce mélange d'héros de roman et d'être humain pas assez connu.
J'aimerais concilier les deux. Ou en parler. Avec lui, même.
Je me prends pour Eva.
Finalement, il devient évident que Greg & Cie me manquent et qu'au lieu d'essayer de trouver quelques autres, je vais les garder.
Il y a bien des auteurs qui ne quittent pas leurs héros. Sans prétention quoi qu'il en paraisse, je me ferai Mazo de la Roche, Conan Doyle, Maurice Leblanc ou Pennac, et Greg sera. Est.
Mon ami imaginaire.
Mon homme idéal.
La personne que je voudrais, quand je voudrais et je sais bien qu'il ne fera que ce qu'il voudra.
Quand je dis que je suis amoureuse d'héros de romans, je ne plaisante pas. J'aime Greg comme une folle. Et à force de l'avoir dans mes pensées, de le faire vivre et de le regarder exister presque indépendament de ma volonté, plaire aux autres et me faire sourire dans le vide, il est devenu la référence auxquels tous les hommes se heurtent.
J'suis mal barrée. Je ne trouverai jamais mon Greg.
Oh, il faudrait pourtant.